Salut à toi camarade distronaute,
Parait qu'on a jusqu'à la fin du mois pour se la souhaiter bonne et prospère, youpla boum, je nous la souhaite donc bonne et prospère, pleine de nouveautés délicieuses, de prods bruyantes et enragées, de progrès médical en matière de réparation d'yeux crevés et de mains arrachées, et tout plein de démissions de ministres millionnaires arrogants et de sous-fifres gavés d'euros et corrompus jusqu'à la moelle.
Cette newsletter aurait dû paraître en début d'après-midi, mais ça m'aurait mis à la bourre pour la manif. Bref. De retour du joyeux cortège de la joyeuse manif, je vous vous propose quelques joyeuses nouveautés et autres joyeux restockages. Vous pouvez pleurer de bonheur, ça vous changera des gaz lacrymo (et de la politique macronienne).
Dernier opus de Guerilla Poubelle, "L'ennui" arrive deux ans après "La nausée". On dirait bien que le groupe se prend à explorer d'autres pistes, à ralentir le tempo, histoire de profiter d'un son énorme. On frôle même le crust épique (sur "Booba et Balkany", déjà rien que le titre, c'est épique). De nombreux titres s'inspirent de l'actualité du monde (consumérisme, guerre de classe et luttes sociales) et d'autres s'inspirent des lectures de Till. Quand ils aiment des bouquins, certains font des post #vendredilecture , Till, lui, il en fait des chansons. C'est un style de chronique qui se tient. Au final les Guerilla Poubelle brandissent haut et fort le flambeau des troubadours anarcho-punks, ceux qui narrent la chronique sociale (et littéraire) avec rage et lucidité.
Brigitte Bop de A à Z. On serait tenté de dire : ceux-là, dès qu'il y'à une connerie à faire, ils passent pas à côté ! Ce serait un peu exagéré. Les Brigitte Bop, donc, cultissime et indestructible groupe orléanais, ont décidé de sortir un bouquin à leur gloire. Et c'est assez génial en fait. Histoire de pas se prendre la tête avec une bio augmentée, ils sont passé par abécédaire, et on trouve donc un paquet d'entrées qui vont du label (Abracadaboum -qui fait l'ouverture-, Trauma Social..), au nom d'album ("C'est pas gagné", "Back in eul berry"...), en passant des salles de concert, des groupes, etc, etc, etc... Et tout cela raconte une scène, une ambiance, une atmosphère. C'est blindé de photos, de flyers, d'anecdotes, de secrets de fabrication. Finalement, à la place d'une connerie, je me demande si c'est pas la meilleure idée du siècle. C'est un super ouvrage pour assurer une sorte de transmission, pour montrer ce qu'on peut faire en matière de DIY, de fanzines, de radios, labels, de chroniques, de compte-rendus de concerts... tout ce qui fait la quintessence d'un groupe punk. C'est foisonnant, ça file la pèche.
On y trouve notamment une entrée "Photographe" qui liste une impressionnante palanquée de pro (et d'amateurs) du réflexe. Elle commence par "Bibi Konstroy : Activiste particulièrement actif sur Paname, notamment au sein de Radio Konstroy. Bibi fait aussi de belles photos de concert en noir et blanc, disponibles sur http://www.profete.propagande.org/".
Ce qui nous offre la best transition ever.
Puisque le Bibi en question vient d'ajouter une plume à son masque (on ne sait pas qui il est, personne ne peut prouver l'avoir jamais vu, existe-t'il vraiment ?), sous la forme d'un roman que l'on peut hâtivement qualifier de polar d'anticipation à touche zombiesque. L'action se passe dans Le Bras de Morphée, "la ville des plaisirs", on y suit les trépidantes (et un brin désabusées) aventures d'un privé dont le job principal est de mettre la main sur du bourgeois disparus. On pourrait être tenté de voir dans ce Bras de Morphée une métaphore inversée de la gentrification parisienne, où les fêtards ne sont plus poussés à l'extérieur du périph, mais confinés dans la Boucle, ce Bras de Morphée, que visitent les fêtards bourgeois (les "hautains") vivant à l'extérieur, sur une falaise dominante. On aurait pas tort à mon avis. Et on aurait pas tort de se procurer ce bouquin au plus vite.
"Le Bras de Morphée", par Bibi Le Bail (auto-édition).